“Celui-là est digne de la liberté et de la vie, qui doit les conquérir chaque jour”. Cette citation de Goethe figure sur la carte postale que nous a envoyée André Passebecq pour confirmer notre rendez-vous. A n’en pas douter, il l’a faite sienne. La vie d’André Passebecq est faite de combats et de courage et à 82 ans, il envisage l’avenir avec sérénité et détermination. Nous fûmes reçus à Gréolières, sur les hauteurs de l’arrière pays niçois, au centre “Vie et Action”. Monsieur Passebecq avait pris soin de nous réserver sa journée malgré son abondant travail. Qu’il en soit remercié.
C’est “grâce” à la maladie que vous en êtes venu à la médecine naturelle. Pouvez-vous nous raconter votre histoire ?
On devait m’opérer d’un un ulcère gastrique proche de la perforation et d’un début de cancer de l’estomac (néo-formation), à 29 ans. Il se trouve que j’avais vu mourir ma grand-mère heureuse et sereine, et mon père au contraire dans d’atroces souffrances. Celui-ci était revenu de la guerre avec des rhumatismes et prenait beaucoup de médicaments pour les soigner, ces médicaments engendrant de terribles maux d’estomac… On a voulu m’opérer, ce que j’ai refusé, préférant mourir naturellement comme ma grand-mère, que soigné comme le fut mon père… Ce choix a déterminé toute mon existence. Je suis allé me soigner en Angleterre, et en trois mois, je me suis trouvé bien, notamment grâce à une nourriture très réduite. C’est Horace Jarvis qui me suivait, et après m’avoir enseigné la méthode de la Naturopathie Fondamentale, il m’a demandé de la transmettre. Je me suis formé en 6 ans.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre début de cancer ?
J’étais alors officier affecté dans la Sarre, en Allemagne, juste après la guerre. C’était la nourriture militaire de l’époque, les boissons de l’époque, avec notamment ces apéritifs allemands totalement synthétiques… Le vin du Rhin était bourré d’anhydride sulfureux, on tuait le sanglier avant d’en consommer le pâté, on fumait beaucoup, on buvait, une vie terrible… Le résultat, ce fut “ulcère pour tout le monde” dans mon unité militaire ! Le mien a évolué…
Votre compagne, Yolande Buyse, (auteur d’excellents livres sur les méthodes naturelles), est également venue à la naturopathie suite à de graves ennuis de santé. Doit-on être malade pour accéder à la sagesse ?
Oui !… Sauf pour ceux qui ont la chance d’avoir des parents qui les informent. Mais on n’a pas la sagesse, jeune. Il faut passer par des périodes difficiles pour comprendre. Il faut avoir vécu. Alfred de Vigny écrivait dans “La mort du Loup” : “Et nul ne se connaît avant d’avoir souffert”. Se rétablir, c’est le commencement de la connaissance. Je me méfie des gens qui disent ne jamais avoir été malades.
La maladie est-elle donc positive ?
Elle n’est à considérer négativement que lorsqu’elle vient de traitements incorrects, d’intoxications, de vaccinations. Dans le cas contraire, elle développe nos défenses immunitaires. C’est comme l’orage : il fait plus lourd, on sent la tension, les insectes bourdonnent et les mouches piquent… Un éclair, et on se sent mieux. L’orage remet le temps, la crise remet nos défenses immunitaires en forme, on se connaît mieux…
Ce n’est pas l’acception généralement admise du mot “maladie”…
C’est pourquoi nous préférons le mot “biogonie” pour la nommer. Du grec “bio”, la vie, et “agon”, la lutte. Ce n’est pas une lutte contre la mort, mais pour la vie ! Nous distinguons la biogonie dynamique de la biogonie a-dynamique : dans la biogonie dynamique, la fièvre est de 38°5 ou 39°, et nous n’y touchons pas. Vive la fièvre ! L’organisme fait le nécessaire pour sa survie, pour sa réparation. Dans la biogonie adynamique, la fièvre est moins forte, elle ne joue plus son rôle. Seule l’adoption de mesures d’hygiène vitale peut être bénéfique. Mais dans un cas comme dans l’autre, nous ne faisons pas baisser la fièvre.
Cette pratique est carrément à l’opposé des préconisations médicales officielles !
Mais c’est pourtant scientifiquement prouvé. Les recherches ont été faites… à l’Institut Pasteur, par le Professeur André Lwoff, prix Nobel de médecine dans les années soixante-dix ! A 39°5, les bacilles, colibacilles et même certains virus sont détruits par la fièvre. Il l’a écrit, il a fait de nombreuses conférences, “La fièvre est le meilleur remède”. Mais ça n’a pas été du goût de tout le monde… Son travail a été étouffé. Lorsque j’ai enseigné à la faculté de Paris XIII, j’ai demandé au bibliothécaire de rechercher ses écrits. Il ne les a pas trouvés à Paris, il a donc entrepris de les rechercher dans les autres facultés. Rien ! Ses travaux ont été mis sous le boisseau. André Lwoff a touché à trop gros. La fièvre, c’est la poule aux œufs d’or de l’industrie pharmaceutique, c’est un point sensible. Je suis arrivé à publier par la suite ces travaux dans la revue “Vie et Action”, ce dont je fais volontiers mon titre de gloire. La fièvre, c’est un point capital de la santé !
Quels sont justement, selon vous, les grands principes de la santé ?
Il y en a sept, que je propose de mémoriser avec “les sept S”.
• Premier S, comme Symbiose alimentaire. C’est le principe de base. Le carburant doit être de qualité, que ce soit l’aliment, l’eau ou l’air.
• Le deuxième S, c’est la Sédentarité. Veillons à alterner mouvement et repos, sans oublier l’importance de la respiration.
• Et le troisième, c’est le Stress, à gérer soigneusement. Si l’un de ces trois grands principes n’est pas respecté, des problèmes apparaîtront.
• Le quatrième S, c’est la Situation : est-ce que le lieu que j’habite est sain, agréable, est-ce que mes vêtements respectent ma peau ? De même la situation affective : je m’éloigne d’une personne avec laquelle j’ai des difficultés à cohabiter, même si je l’aime. S’éloigner n’empêche pas de se retrouver et de chercher des solutions.
• S, comme structure. Qu’elle est la structure de mon corps, qu’est-ce que j’en ai fait ? Os, muscles, structures nerveuses, amalgames dentaires au mercure (qu’il faut enlever avec précaution) !
• Sexualité : qu’elle s’exerce dans un cadre harmonieux.
• Suppression : médicaments, café, alcool (à l’exception d’un peu de vin bio !)… On doit supprimer le lait et le gluten en cas de catarrhe*. Dans le cas contraire, veiller à ne pas trop en consommer. La santé passe souvent par la modération.
Et quels sont les grands défauts de la médecine officielle ?
L’ignorance, la croyance et le fric !
– L’ignorant ne connaît pas les médecines naturelles : il veut détruire le microbe. Et pour cela, il dispose d’un arsenal thérapeutique. L’arsenal est un terme guerrier, et nous ne voulons pas faire la guerre. L’organisme fait le nécessaire ! D’ailleurs, les microbes, il y en a partout : dans la gorge, dans l’anus, la flore intestinale : nous avons des colibacilles dans l’intestin ! C’est la flore intestinale qui forme un aspect essentiel de nos défenses immunitaires ; elle fabrique même la vitamine B12, pour peu que l’on mange de bons fruits et légumes bio, riches en celluloses indispensables.
– Quant à la croyance, elle concerne ceux qui attendent tout des médicaments. Ce peuvent être des âmes pures, mais…
– Le fric : pour parvenir au pouvoir. Ces trois principes caractérisent la médecine actuelle. On apprend beaucoup de choses en fac de médecine, mais le diagnostic conduit trop vite à la chirurgie et aux médicaments ! Médecine et pharmacie ont partie liée !
Vous ne trouvez rien de positif dans la médecine actuelle ?
Si, notamment dans le domaine de la recherche. Mais les informations obtenues sont souvent corrompues. La médecine ne tient pas entièrement compte des recherches ; elle les détourne pour les utiliser à son avantage. Dans le domaine des vaccinations, entre autre, lisez donc le livre Vaccinations, les vérités indésirables de Michel Georget (Editions Dangles).
Et dans le domaine de la médecine naturelle, fait-on des progrès ?
Je me réfère souvent aux pionniers, à ceux qui ont “osé”. Il faut agir avec prudence. Les faits qu’ils ont rapportés sont crédibles. Lorsqu’une nouvelle situation se présente, on applique un principe à de nouvelles pathologies, et on arrive souvent à trouver les causes qui les déterminent. Les myofasciites à macrophages, par exemple : elles viennent probablement de l’aluminium, notamment celui qu’on trouve dans certains vaccins.
N’avez-vous jamais eu de problèmes avec le corps médical ?
C’est arrivé plusieurs fois… L’une d’entre elles m’a d’ailleurs finalement été favorable : j’étais venu en aide à une fille de médecin belge qui avait tenté de se suicider. Je me suis contenté de l’écouter et de l’orienter professionnellement, ce qui lui a réussi : elle est devenue kinésithérapeute et a trouvé son équilibre. On m’a poursuivi pour cela : exercice illégal de la médecine… Un doyen de la faculté en a eu vent, et j’ai été chargé de cours de naturothérapie pendant 12 ans dans cette faculté…
Plus récemment, j’ai été attaqué parce que je propose une méthode anti-tabac : le fumeur serait un malade justifiable de la médecine ! Ce n’est pas mon avis.
Comment se passait la formation des médecins ?
On m’a demandé de préparer un programme de trois ans, et j’ai formé 300 médecins. Je les formais en naturothérapie, terme utilisé pour ne pas confondre avec la naturopathie, qui n’est pas exercée par des médecins. Il est bon dans cette formation d’appliquer quelques principes, dont ceux d’Hippocrate : “En premier lieu, ne pas nuire” ! Prescrire une vitamine en cas de fièvre, de la vitamine C principalement, tout praticien peut le faire ! Et c’est justement ce qu’il ne faut pas faire, car à partir du moment où on a bousculé un équilibre, on ne sait pas où l’on va.
Il faut également apprendre à chercher la cause, et la cause de la cause : lorsqu’un diabétique mange du sucre, il va mal. Mais pourquoi mange-t-il du sucre ? Que s’est il passé dans son enfance, quels liens ses parents ont ils établis avec les sucreries ? Prenez un autre problème, celui de l’alcoolisme en Normandie : où l’on ajoutait fréquemment de l’alcool dans les biberons… L’habitude dans le jeune âge devient une seconde nature.
Votre rapport à la médication, même naturelle, doit les surprendre !
C’est l’occasion de rappeler quelques unes de nos formules. Par exemple, à propos de tout médicament : “Et après ?”. Qu’il soit efficace ou pas, un médicament puise sur les réserves énergétiques et il est un poison : il ne peut favoriser la vraie guérison.
“Le corps sait”.
“Pas d’arsenal, pas d’armes”…
Votre enseignement passe maintenant principalement par le biais de l’association “Vie et Action”. Quelle est sa vocation ?
J’ai fondé Vie et Action en 1960, pour succéder à “Hygiène et science”, qui avait été fondée en 1954. Le but de Vie et Action, c’est de faire connaître la Médecine Naturelle Fondamentale, celle d’Horace Jarvis, qui m’en a transmis le flambeau. “L’hygiène Vitale”, même s’il faut parfois se méfier de ce terme parce que d’autres l’ont utilisé, et pas toujours à bon escient.
Quels types de praticiens formez-vous ?
Des hygiénistes. Ce sont des conseillers en hygiène et en nutrition. Cette formation se fait par le biais de stages. Nous formons également des naturopathes, avec des cursus plus longs et plus exigeants.
Quelles elle leur sphère de compétences et d’action ?
Pas de diagnostic médical, pas de pronostique, pas de médicaments, même dits naturels. Ils ne “singent” pas le médecin.
Ces naturopathes sont-ils reconnus ?
Ils le sont en Angleterre, au Canada, aux Pays bas, en Allemagne, Italie et Espagne, et dans quelques Cantons Suisses. Le cas de la France est à l’étude au niveau de l’Europe.
Le mot “Naturopathie” vous semble-t-il être un terme approprié ?
Il provient de l’anglais, langue dans laquelle le mot “path” signifie “le chemin”. La naturopathie, c’est donc le chemin qui mène à la santé. En français, c’est vrai qu’on l’entend dans le sens “pathos”, ce qui n’est pas forcément heureux.
Le fait de ne pas être médecin vous pose-t-il un problème de crédibilité face au corps médical ?
Après ma formation à Londres, j’ai obtenu un titre M.Dr : Doctor of Medicine, à la Columbia University, aux Etats Unis. Ce qui me donne le droit d’exercer la médecine partout, sauf en France ! J’aurais pu demander une équivalence, mais je ne l’ai pas fait : il faut savoir qu’un médecin naturothérapeuthe formé à Bobigny peut être poursuivi s’il ne donne pas de médicaments. Le Conseil de L’ordre veille ! Je préfère, en France, ne pas être médecin et pouvoir continuer à dire et faire ce que je veux. D’ailleurs, je considère que je ne pratique pas la médecine, mais plutôt de la non-médecine ! Je ne fais pas la guerre. Je prétends que le respect de toute forme créée est essentiel au maintien de la santé et à son rétablissement, de même qu’à la santé et à l’harmonie des groupes humains et de leur environnement.
Pensez-vous que la médecine changera ?
Oui. Elle est déjà en mutation profonde.
Notre dernière question sera un peu plus légère : si vous aviez à retenir un tableau, un livre et un disque, lesquels choisiriez-vous ?
– Le tableau : mon frère Claude était graveur, il a réalisé certaines gravures des billets de banque français (mais pas ceux de l’euro) ! Il est aussi peintre, dans la lignée des flamands. Affectivement, je choisirais un de ses tableaux où il se représente à l’âge d’environ vingt ans.
– Le livre : je choisirais Victor Hugo. Toute son œuvre, très courageuse.
– Le disque ? De la chanson, certainement. Ou la Pavane de Gabriel Fauré, formidable lorsqu’elle est bien jouée. Où encore “La rose rouge”, de mon cousin André Messager (Auteur d’opérettes qui furent célèbres).
JM
Vie et Action
Le Roc Fleuri – 06620 Gréolières
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