Les cristaux d’huiles essentielles – Entretien : Michel Pryet

cristaux1Les huiles essentielles (HE) en cuisine, ce n’est vraiment pas rien. Si vous avez déjà essayé, vous savez que c’est 1) du boulot (il faut me dissoudre tout ça dans de l’huile ou du miel, jamais les intégrer telles quelles dans une préparation), 2) une bonne dose de sueur dans le dos (Attention ! Vous en avez mis une goutte de trop !) et 3) un peu la loterie (« Tiens, cette pannacotta à l’HE lavande a comme un arrière-goût de lessive » – ahem, ça c’est du vécu). Bref, je sais pas vous, mais moi, après quelques essais, j’avais laissé tomber le goutte à goutte et remisé mes petits flacons d’HE loin de la cuisine (à côté d’un diffuseur, où elles se sont montrées très dociles). Avec un regret, toutefois : ne pas pouvoir profiter de toute la magie sensorielle contenue dans lesdits flacons.

Heureusement que certaines personnes n’aiment pas rester sur un semi-échec, et réfléchissent à notre place pour dompter l’indomptable. Car c’est comme cela que les cristaux d’huiles essentielles sont nés. Imaginez : des petites perles, façon cassonade, contenant toutes les HE qui nous font tant rêver, mais qu’il n’est pas nécessaire de compter, dissoudre, diluer… On vous raconte toute l’histoire ?

cristaux3C’est une histoire qui commence dans le sac à dos de Michel Pryet, alors lancé dans des études d’ingénieur en agriculture qui l’amènent à la découverte des terroirs du monde, en particulier ceux d’Asie et d’Amérique du Sud. Un stage au Japon constitue l’expérience marquante de ce périple, et ce qui devait arriver, arriva : Michel tombe amoureux du Japon. Il trouve donc très logiquement le moyen d’y retourner, en travaillant cinq années durant pour une grande société de fabrication de produits… chimiques. De retour en France, accompagné de sa femme Yumi (Michel n’est pas tombé amoureux que du Japon, vous l’aurez compris), il travaille toujours pour la même compagnie, d’abord en tant que commercial, puis comme chef de produit « insecticides » à Montpellier. C’est là que le bât blesse : en 1993, ils souhaitent tous deux donner une orientation différente à leur parcours – plus naturelle et fleurie – avec dans l’idée de créer une entreprise située idéalement à cheval entre l’Asie et l’Europe. Ils plongent alors dans l’univers des encens, dont la richesse et de la complexité constituent pour eux une découverte décisive (voir Sat’Info n° 82, 2005).

Enfin dans leur élément, Michel et Yumi créent LES ENCENS DU MONDE, marque qui ne doit pas son nom au hasard : la démarche qui sous-tend toute l’entreprise repose sur l’envie de présenter des découvertes en expliquant, en informant, et en donnant à l’utilisateur toutes les clés pour comprendre et utiliser les produits de la meilleure manière possible.

Or, donner du sens, c’est particulièrement important lorsqu’on lance sur le marché de véritables OVNI culinaires, à l’exemple des cristaux d’huiles essentielles. Les cristaux, quèsaco, pour quoi faire, et comment ? On a donc posé la question à Michel et Yumi Pryet, ainsi qu’à Pauline Caroti, assistante marketing chez LES ENCENS DU MONDE.

 

Le concept

cristaux2Quelle a été votre démarche dans la création des cristaux d’huiles essentielles ?
La démarche a été de dire : ce qui est en train d’émerger, c’est l’utilisation des HE en cuisine. On les utilise, on les côtoie depuis longtemps et il y a du beau travail qui se fait autour d’elles, en France et en Europe, avec des entreprises reconnues. Comment faire, dès lors, pour apporter quelque chose d’original, de nouveau ? On s’est demandé quels étaient les freins qui les rendent si difficiles à utiliser en cuisine par tout un chacun, et comment faire pour en simplifier l’utilisation. On a donc recherché des procédés permettant de les rendre plus pratiques.

La grande difficulté quand on utilise les huiles essentielles en cuisine, c’est finalement de gérer leur puissance, avec cette obligation de les diluer dans un corps gras ou sirupeux pour pouvoir les intégrer à une préparation. Vous vouliez contourner tout cela ?
Effectivement, les HE sont bluffantes car elles concentrent au maximum les principes actifs des plantes ou des fleurs. En revanche, pour la cuisine, elles sont trop concentrées, olfactivement, gustativement et dans leurs effets sur la santé. Difficile de les utiliser de façon pure. L’enjeu, c’était de pouvoir les diluer et les doser pour qu’un plat ne soit pas trop chargé ni les autres goûts écrasés. On a donc cherché des solutions et on a trouvé un procédé industriel courant, qui s’appelle l’extrusion. Elle est faite à partir d’un composant très intéressant, qui est la pulpe d’agave, plante de la famille des cactus et originaire du Mexique. On l’a combinée avec des HE et d’autres extraits végétaux dans ce procédé d’extrusion.

Qu’est-ce qui justifie l’utilisation de cristaux plutôt que d’un bouquet de basilic ou d’un bâton de cannelle ?
En ce qui concerne le basilic, rien de tel que du frais. Mais si on n’en a pas et que l’on a recours au basilic séché, on n’a plus aucune puissance aromatique. Les cristaux sont plus intéressants car ils rappellent vraiment le basilic frais. Cela permet également d’en avoir toute l’année. Deuxième point : si on veut imaginer mettre du basilic dans une glace, c’est beaucoup plus pratique avec les cristaux, qui vont se dissoudre, qu’avec une infusion de basilic frais.

cristaux4Et pour le prix d’un bouquet de basilic, on a un flacon avec 400 portions individuelles…
Effectivement, l’usage est plus économique aussi. Le fait que ce soit très pratique (une simple versée) fait que l’on peut, même sans être expérimenté, en mettre un peu partout et repousser le champ des possibles pour pouvoir en consommer au gré de son inspiration.

On sait que les épices en poudre commencent à perdre leur goût 6 mois après avoir été moulues. Les cristaux d’huiles essentielles à base d’épices permettent-ils de conserver le goût plus longtemps ?
On garde une puissance aromatique très longtemps. Le seul point faible des cristaux d’huiles essentielles, c’est leur sensibilité à l’humidité. La durée de vie de la boîte est de 4 ans pour la plupart (2 ans pour les plus fragiles), mais une fois entamée il faut la garder à l’abri de la lumière et dans une atmosphère pas trop humide, sinon les cristaux pourraient s’agglomérer. La principale précaution, une fois le flacon ouvert, c’est donc de le finir dans les 9 mois.

Parlons de ce fameux procédé d’extrusion…
C’est un procédé de mélange à haute pression de l’agave et des HE. On utilise une presse à extrusion, une très grande presse avec deux vis sans fin qui tournent et créent une pression. C’est cette pression qui va liquéfier la poudre d’agave (qui se présente comme du sucre cristallisé). On injecte les HE dans la presse qui contient un couteau rotatif, et à la sortie le mélange revient à l’atmosphère normale tout en étant coupé. Or le passage de haute pression à pression atmosphérique le fait cristalliser : on obtient des larmes allongées. On les concasse, on enlève la poudre qui se crée et on garde juste la fraction qui convient. Pour ne rien perdre, on repasse ensuite la poudre restante dans la presse. C’est donc un procédé physique sans aucune action chimique.

cristaux6Pourquoi la pulpe d’agave mexicaine, et pas, par exemple, un miel de chez nous ?
Dans ce procédé, on utilise la pulpe déshydratée, qui se présente comme du sucre cristallisé. Le principal intérêt de l’agave, c’est son comportement quand on le fait passer dans la presse à extrusion. Il transforme l’huile essentielle, un corps gras et liquide, en cristaux. La poudre d’agave, ce sont des polysaccharides à très longue chaîne qui vont emmailloter les huiles essentielles dans une trame qui se rigidifie. Le miel, par exemple, est un ensemble de composants qui n’ont pas les mêmes propriétés physiques et ne permet pas cela, pas plus que le sucre.

Est-ce que l’agave a un intérêt gustatif et/ou pratique pour « porter » les huiles essentielles ?
Oui, on l’a réalisé par la suite. Les HE sont très variées du point de vue olfactif mais toujours amères. Or cette amertume est équilibrée par l’agave, qui a des propriétés sucrantes 1,4 fois plus importantes que le saccharose. Le deuxième intérêt, c’est que traditionnellement pour diluer les huiles essentielles il faut les mélanger dans une huile végétale ou un sirop de sucre. La première est plus indiquée pour des préparations salées mais ne convient pas pour tout, et le second est plutôt conseillé dans les préparations uniquement sucrées. L’agave est intéressant, car il apporte un goût sucrant mais que la faible quantité utilisée permet de ne modifier ni le goût ni les calories. Autre intérêt pratique : grâce à cette formulation brevetée, les cristaux deviennent solubles dans l’eau, tandis que l’huile essentielle pure ne l’est pas.

Utile pour l’extrusion, gustativement intéressant, pratique… Est-ce que l’agave a également des qualités nutritionnelles particulières ?
En effet, l’agave n’est pas digéré par l’organisme ; il sert de nourriture à la flore intestinale. C’est un allié précieux pour la digestion.

cristaux5Pourquoi ajouter des plantes à la formule huiles essentielles + agave ? Est-ce uniquement pour la couleur, pour que les cristaux de basilic soient verts, et ceux de géranium, roses ?
C’est bien de donner une couleur qui évoque le produit à partir du moment où cette couleur est apportée par des constituants intéressants : pour le basilic, on utilise de la poudre de basilic sec qui apporte juste de la coloration et pas de goût..

Agave du Mexique, huiles essentielles du monde entier… C’est une production mondialisée !
Notre premier domaine, celui des encens, a de tout temps été un milieu d’échange – comme celui des aromates, des thés et des tisanes. Les cristaux voyagent d’autant plus que l’on y retrouve des senteurs exotiques. On importe de différents pays tout ce qui ne se produit pas couramment en France : les huiles et l’agave. On réalise ensuite une production au niveau local : nous sommes membres d’une appellation, « Sud de la France », qui fédère les entreprises de la région et les aide à exporter. Pour boucler la boucle, les cristaux voyagent ensuite à nouveau : nous les exportons vers de nombreux pays.

Les saveurs

cristaux7Passons en revue les différentes saveurs proposées. Pourquoi celles-ci et pas d’autres ?
Les cristaux ont été lancés en juin 2010 avec une première sélection de 10 goûts. Parmi eux, on a souhaité utiliser des choses connues, qui parlaient de façon très évidente à tout un chacun. Je pense par exemple au basilic, à la menthe ou à la cannelle. Puis, on a ajouté des cristaux qui nous semblaient mettre en valeur toute la richesse des HE, comme le géranium bourbon ou l’ylang-ylang.

L’idée, c’était donc de mettre l’accent sur des saveurs qu’on ne trouve pas facilement par ailleurs. C’est là qu’on a besoin d’un mode d’emploi…
Nous voulions explorer les possibles qu’offre cette nouvelle famille de condiments, et en particulier faire entrer des fleurs dans la cuisine. Quand on met du basilic dans un plat, on ne fait rien d’exceptionnel. Alors qu’avec de l’ylang-ylang, on repousse les limites du culinaire. Sur le plan commercial, on se rend compte que les cristaux qui se vendent le plus sont ceux qui parlent directement au consommateur, comme la menthe ou le basilic. Le géranium bourbon, qui donne un magnifique goût de rose, est très intéressant, mais les gens n’osent pas l’essayer.

C’est encore difficile d’intégrer les fleurs en cuisine…
De manière générale, on a déjà besoin d’être guidé pour les cristaux, mais encore plus pour ceux aux fleurs. On voit un champ d’utilisations possibles, mais on n’ose pas. C’est tout l’intérêt de l’expérimentation et du partage des recettes.

AbschmeckenPourquoi le fenouil ?
Le fenouil est anisé et a une palette très large d’usages connus et reconnus au niveau culinaire ainsi qu’un véritable intérêt sur le plan de la santé (digestif, donne bonne haleine…). Avec les cristaux de fenouil, on a une puissance aromatique sans équivalent que n’a pas la graine de fenouil. C’est alors notre métier de parfumeur qui surgit : on a envie de donner une odeur anisée à un plat, et on a choisi pour cela le fenouil. C’est un nouvel ingrédient qu’on laisse à disposition des cuisiniers en herbe, à charge pour eux ensuite de l’apprivoiser.

Saveurs classiques, fleuries, anisées… Et ensuite ?
Les produits phares, ce sont les agrumes, qui ont une vraie légitimité sous forme d’HE. On retrouve les goûts « orange » et « citron » mais différemment du zeste et de la pulpe. On peut vraiment transcender les usages habituels. On met rarement du zeste d’orange dans des plats salés, alors que le fait de mettre des cristaux d’agrumes dans des céréales ou des légumes convient aussi bien que dans un dessert lacté ou une tasse de thé. Cette famille des agrumes fait d’ailleurs partie des best-sellers. Les premiers développés sont la bergamote et la ronde d’agrumes (qui contient 5 ou 6 agrumes différents).

La citronnelle : ingrédient très utilisé en cuisine, difficile à trouver en frais et à manier quand on n’est pas expérimenté ?
La citronnelle en sec n’a pas de goût, et pour l’exprimer il faut la faire revenir longtemps. Sous forme de cristaux, on peut se permettre de l’utiliser au moment de servir. Il y a d’ailleurs un autre ingrédient qu’on a souhaité mettre dans la première série, c’est la cardamome. Elle donne l’arôme très fleuri des épices du chaï indien. Or l’utilisatcristaux9ion de la cardamome en graines nécessite une préparation compliquée, il faut écraser la graine. Avec les cristaux, on peut en mettre une versée dans son thé, son café ou son dessert lacté. C’est tout ce qu’il y a de plus facile et cela permet de multiplier les usages. Même chose pour la cannelle : celle en poudre est intéressante, mais elle n’est pas soluble dans l’eau. Or, on a aussi visé des usages directs. C’est le cas de la menthe, intéressante en cas de chocs émotionnels, ou pour avoir bonne haleine. Dans le cas de la cannelle, les personnes au régime qui suppriment le sucre et les lipides de préparation, et n’ont plus le plaisir du goût, vont pouvoir aromatiser leurs boissons ou leurs yaourts sans calorie. Les cristaux apportent aussi plus de puissance que les poudres, et ils donnent du plaisir.

Et la deuxième série ?
On a eu un onzième produit qui a disparu depuis, c’est l’estragon. L’huile essentielle est très intéressante mais on a dû l’écarter car on n’en a plus trouvé en bio. En France, la culture est sujette à des attaques de rouille et on utilise donc toute la production bio pour faire du frais. Comme notre parti pris c’est de faire des produits 100 % bio, on a laissé tomber, malgré tout son intérêt.

A l’usage

Quid de l’emballage ? Pourquoi avoir choisi des flacons tout plastique ?
Notre point de départ était une recherche de praticité dans le dosage. Pour y répondre, on a trouvé un flacon percé d’un trou. Celui-ci est protégé de l’humidité par un capuchon qui se referme hermétiquement. Son intérêt, c’est qu’en le renversant on obtient ce qu’on appelle une versée. Le poids de cristaux qui en sort est stable : à 20 % près, on obtient 0,05 gramme, qui est la dose à mettre en œuvre pour une portion (une personne). Tout l’intérêt de ce flacon est donc de permettre un dosage très facile, au lieu d’un comptage de gouttes ou de pesées avec des instruments très précis. Le flacon est en polyéthylène, donc recyclable. Le bouchon est en polypropylène recyclable. On est dans un matériau naturellement sans Bisphénol A. L’effet pratique du bouchon ne pouvait pas être trouvé autrement. Le carton d’emballage, lui, a été fabriqué avec de la pulpe provenant de forêts gérées durablement et imprimés avec le système Imprim’Vert®.

cristaux10Une portion, c’est la dose pour une personne sur un repas, une journée… ?
On utilise un produit très concentré, l’huile essentielle, que l’on le dilue une première fois dans les cristaux (entre 2 et 10 % d’HE dans le produit fini, soit une dilution de 10 à 50 fois). Ensuite, elle est de nouveau diluée dans la préparation à laquelle on l’ajoute. Grosso modo, une versée c’est une cuillère rase de plante fraîche, ou une portion habituellement utilisée pour donner du goût. Après, pour certaines personnes, on souhaitera en mettre plus ou moins.

Niveau santé, pas de surdosage à craindre ?
Il faut se comporter comme avec les plantes fraîches. Il y a des plantes pour lesquelles il y a des contre-indications, comme la sauge, qui a un effet oestrogen-like, ou la menthe, qui pourrait créer des palpitations. Quelqu’un qui est sujet à la menthe fraîche évitera donc les cristaux de menthe. C’est comme si on utilisait des produits frais : si on y est sensible, il ne faut pas les utiliser. On a également mis des précautions d’usage de façon systématique pour les enfants de moins de 4 ans. Si l’on donne une versée de cristaux de menthe à un enfant, c’est comme si on lui donnait une cuillère de menthe fraîche. Les parents doivent être experts. Même chose pour les femmes enceintes. Elles ne prendront pas de sauge ou de fenouil, sauf celles qui en maîtrisent l’usage.

L’emballage est très dans l’air du temps : jolies couleurs, pictogrammes amusants… On lui trouve un côté ludique.
La boîte doit à la fois donner envie et expliquer ce que c’est. On a donc souhaité mettre l’appellation « à cuisiner », même si on peut aussi en mettre tout simplement dans la bouche, aromatiser son eau ou son yaourt avec.

« À apprivoiser », finalement…
« À apprivoiser », mais il faut donner l’orientation aux clients. On a choisi de mettre en avant le fait de pouvoir cuisiner comme un chef, et on a glissé des suggestions dans un petit dépliant à l’intérieur. Les utilisateurs peuvent ensuite trouver des recettes sur notre site internet : www.florisens.com

Avec les cristaux, on pourrait se prendre pour de grands chefs, mais aussi pour des apprentis sorciers. Vous vous situez dans le courant de la cuisine moléculaire ?
Pas vraiment. Le succès de la cuisine moléculaire n’a finalement pas dépassé le cénacle des gens qui en ont fait l’apologie à l’origine. L’usage des cristaux est plutôt « tout terrain ». Il y a des chefs qui les utilisent dans leurs préparations pour des recettes très élaborées, comme Rabanel ou Briffard (George V), qui ont deux étoiles au Michelin. Mais leurs recettes sont difficilement applicables au quotidien. De notre côté, nous visons vraiment le grand public. C’est pour cela qu’on relativise, en rappelant que l’on peut simplement en mettre dans l’eau. Pour nous, c’est même une nouvelle famille de condiments à laisser en permanence sur la table de la cuisine. Imaginons un petit-déjeuner, par exemple : sur sa tartine de beurre, on peut mettre des cristaux de géranium, de cannelle ou d’ylang-ylang. Dans son thé ou son chocolat, cardamome pour l’un, géranium pour qui voudrait un thé à la rose… On voit très bien la facilité et l’aspect ludique du produit. On peut donc faire de la grande cuisine, ou opter pour l’utilisation la plus simple.

Retrouve-t-on dans les cristaux toutes les vertus santé des HE ?
On retrouve toutes les vertus des HE pures. Jusqu’à présent, on a d’ailleurs sélectionné des produits permettant d’allier plaisir gustatif et vertus diététiques. Il existe tout un tas de livres auxquels il est passionnant de se référer pour connaître leurs effets.

Une versée dans la bouche = une haleine fraîche, comme après un chewing-gum ?
Au niveau de l’haleine, l’effet est tout à fait notable. Il suffit d’essayer avec des cristaux d’huiles essentielles menthe, ylang-ylang ou géranium. Le petit flacon devrait toujours être dans la poche de veston du visiteur de commerce !

Alors au final : ingrédient, condiment ou alicament ?
Les trois. Sur le plan réglementaire, c’est un condiment. Mais sur le plan des usages, il permet tout ça.

En cuisine

Pauline nous a rejoints pour parler de l’usage culinaire des cristaux, et Yumi Pryet nous a permis de compléter ces propos par téléphone.

flan-ylangAlors cette fameuse versée, plutôt avant ou après cuisson ?
Pauline : On peut les utiliser avant comme après. Mais le plus efficace, c’est d’en saupoudrer dans les assiettes juste avant de servir. La cuisson au four ne dénature pas le parfum à condition qu’il y ait une couche presque hermétique sur la préparation qui contient les cristaux, comme de la chapelure ou du fromage sur un gratin qui fait que parfum va se diffuser et non pas s’évaporer.
Michel : comme il s’agit de molécules aromatiques volatiles, elles sont sensibles à l’élévation de la température. Donc, si on fait passer au four une préparation sur laquelle on a saupoudré des cristaux, cela va s’évaporer. L’idée c’est d’éviter de trop les chauffer, avec l’exception de préparations pâteuses, surtout avec une croûte qui les rend plus hermétiques. Il n’empêche que quand on fait une cuisson longue, il vaut mieux surdoser, à cause de l’évaporation.

Et dans les boissons chaudes ?
Le phénomène d’évaporation va se passer, mais on en profite directement, un peu comme une inhalation. On déguste donc déjà la tasse qui est en face de soi avant de la boire.

Dans votre mode d’emploi, vous êtes passé de la pincée à la versée…
L’idée c’est de renverser le flacon dans la main, de prendre une pincée et d’en mettre dans la préparation. Mais on a des doigts plus ou moins gros. La versée, à 20 % près, est à 0,05 gramme, d’où le changement de préconisation. Toutefois, c’est mieux de toujours verser dans la paume au préalable, car si on verse du flacon directement au-dessus d’une préparation chaude, cela peut entraîner une humidification de l’intérieur du flacon et nuire à la conservation des cristaux.

Les cristaux d’HE sur la table, comme nouveau condiment… Comment faire pour en prendre l’habitude ?
Pauline : Il faut faire comme avec de la fleur de sel. On n’en met pas trop, juste une petite versée. L’idée c’est d’en avoir quelques flacons sur la table et chacun aromatise ensuite son plat comme il veut pour se familiariser. On peut en mettre dans le sucré comme dans le salé. Par exemple, le basilic peut être utilisé en sucré, dans une coupe de fraises.

saladeVous qui pratiquez les ateliers cuisine de LES ENCENS DU MONDE, avez-vous fait de belles découvertes ?
Pauline : Fraise + basilic, je n’y aurais jamais pensé avant. Avec du géranium, on a aussi fait des loukoums. Et avec l’ylang-ylang, j’ai une utilisation toute simple : une bonne tartine de beurre et de pain frais. Chez moi, ça a quasi remplacé la confiture.
Yumi : Boisson au cola et citronnelle – un mélange que je ne pratique pas mais qui m’a beaucoup intéressée ! Pour ma part, je retiendrai surtout le tofu nature avec un peu de « Ronde d’agrumes », qui remplace le yuzu, agrume japonais introuvable en France. Mais pour moi aussi, le plus surprenant a été de remplacer la confiture des toasts par des cristaux fleuris, ylang-ylang ou géranium.

On l’a dit, introduire les fleurs en cuisine est loin d’être évident. Que faire des cristaux de lavande ?
Michel : On peut en verser dans un mélange de riz et légumes, ou encore dans une omelette, ce qui donne un côté frais et fleuri. Et bien entendu, il y a tout un tas de cristaux qui vont bien avec les thés et tisanes, notamment les plus insolites et les plus fleuris. C’est finalement un nouveau goût à apprivoiser, avec une odeur plutôt perçue comme allant bien en cosmétique et dont les effets sont notables : c’est de la relaxation, c’est donc intéressant de se l’approprier.
Yumi : Il ne faut pas hésiter à les marier avec les fruits. Ylang-ylang et géranium sont parfaits dans les salades et les mousses de fruits, les glaces… L’ylang-ylang est également intéressant avec un gigot d’agneau, tandis que le géranium fait merveille dans une coupe de champagne. Pour la lavande, je recommande des associations avec du yaourt (dans un tzatziki au concombre, par exemple), du fromage de chèvre ou encore du maté.

Et la verveine ?
Pauline : Cela peut très bien aller dans les salades de riz, de quinoa. Ça apporte de la fraîcheur et ça change de la menthe. On peut en mettre dans la vinaigrette, ou dans le tartare de saumon. Un taboulé à la verveine, c’est vraiment délicieux !

On saupoudre, on goûte… Ressent-on parfois une touche croquante ?
Michel : Oui, ce qui ne se dissout pas dans l’assiette ou le plat finit par se dissoudre en bouche. Cela crée une surprise ! Certaines préparations y gagnent : on pourrait imaginer de mélanger les cristaux avec du sucre pour créer des ronds verres décorés pour les cocktails, ou bien des desserts avec une localisation d’HE à un endroit qui permettrait justement cette surprise en bouche.

toast-cardamomeVotre coup de cœur ? Votre flacon préféré ?
– Pauline : Moi c’est la cannelle, parce que j’adore ça et que c’est super facile à utiliser. J’en mets dans ma compote de pomme ou dans ma glace à la vanille. J’en ai mis tout l’été !
– Michel : Moi c’est le géranium, qui a ce goût de rose que j’aime mettre dans mon thé, dans de l’eau, ou directement en bouche.
– Yumi : La « Ronde d’agrumes », que j’utilise presque tous les jours. Mon utilisation favorite consiste à en saupoudrer quelques versées sur des légumes simplement cuits à la vapeur. J’aime aussi utiliser la citronnelle dans un reste de riz que je fais revenir, un peu comme un riz cantonais. Et j’ai l’habitude de mettre une versée de cristaux de gingembre sur un poisson vapeur, avec un peu de saké et de sauce soja. Et puis, quand je suis d’humeur un peu morose, je prends plaisir à aromatiser un peu d’eau avec du géranium ou de l’ylang-ylang. Cela me redonne le sourire !

Récapitulons les usages les plus simples, qui permettent de s’approprier immédiatement les cristaux : sur une tartine de beurre, dans une compote ou un yaourt, dans une boisson chaude ou fraîche, un verre d’eau…
Michel : Et tout ce qui est salade. Ca peut être dans la vinaigrette, où ça ne se dissout pas totalement (cela se dissout dans le vinaigre mais peu dans l’huile), ce qui n’est pas grave, ou bien pour réveiller une soupe un peu plate.
Pauline : maintenant, quand je trouve qu’il manque quelque chose dans un plat, je prends le flacon que je veux et j’aromatise.

Quels seront les prochains parfums disponibles ?
C’est la vanille, qui arrive au printemps.


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