Petite promenade de santé…

Article paru en avril 2000

bouton-noirLa promenade, on aimerait bien vous en parler. Mais c’est encore mieux de la pratiquer ! Quant à la santé, on préférerait ne pas vous en parler. Ou alors une fois par année, le premier de l’an : “la santé, surtout !”. Et hop, tranquille jusqu’au prochain réveillon… Le fait est que ça ne passe pas exactement comme ça tout le temps, ni pour tout le monde. Avons-nous pour autant quelque chose à dire en la matière, nous, Satoriz, marchands de figues, de couscous et de riz complet ?

Nous, non. Mais certains auteurs dont nous distribuons les livres, oui ! C’est la raison pour laquelle nous donneront dans ce numéro la parole à l’un des plus éminents d’entre eux, André Passebecq. Pour info. Mais il y en a d’autres ! Des modernes, des anciens, des Egyptiens, des Chinois, des Indiens, des Aztèques… Et des Grecs.

Citer un Grec, c’est très bien, ça fait sérieux. Le problème avec eux, c’est que dès qu’il s’agit de santé et de médecine, on ressort toujours le même, ce bon vieil Hippocrate ! Qui de plus doit être lassé qu’on lui fasse systématiquement ânonner la même sentence, un peu comme quand TF1 réveille Hugues Haufray pour lui faire chanter “Santiano”… Très belle chanson, au demeurant, tout comme la phrase de notre Grec de service, nous y revenons : “Que ton aliment soit ton médicament”, disait le grand homme. Et là, ça commence à vraiment nous concerner… Nous, les épiciers ! A tel point qu’il nous a semblé intéressant d’aller voir s’il n’avait pas développé cette idée au-delà de cette fameuse phrase. Des fois que ses écrits soient toujours actuels, quelques siècles plus tard… Bien nous en a pris :

“Je me glorifie d’avoir trouvé le premier les règles du régime… Personne, avant moi, que je sache, n’avait entrepris d’en faire un corps de doctrine. Je l’estime autant que toute autre découverte dans notre art”*. Ou encore : “Il est impossible de déterminer la quantité de nourriture nécessaire à l’homme, pour y garder la juste proportion avec ses exercices. Plusieurs raisons s’opposent à cette détermination : d’abord, les tempéraments sont différents… Viennent ensuite les âges et les différents temps de la vie ; les besoins n’y sont pas les mêmes. Il faut aussi avoir égard aux pays, aux diverses saisons de l’année, à leurs constitutions variables. Il y a même des différences dans les mêmes espèces d’aliments : tous les froments n’ont pas les mêmes propriétés, ni les vins, ni les autres choses dont nous usons pour la nourriture. Ces considérations font qu’il est impossible de donner des lois absolues concernant le régime”. Au cinquième siècle avant Jésus Christ, pas mal, non ? “Parmi les choses qu’on mange et qu’on boit, il y en a beaucoup qui sont mauvaises, mais qui cependant, n’affectent pas l’homme de la même façon. Ainsi, le fromage n’est pas contraire à tout le monde ; il y a des gens qui en mangent beaucoup sans en ressentir aucun mal. On trouve qu’il est excellent pour les personnes maigres. Il est vrai également que certaines personnes ne sauraient en manger sans en être incommodées”. Mieux encore : “Je suis assuré qu’il est très différent pour le corps d’user du pain fait avec de la farine blutée, avec du grain bien moulu, pétri avec beaucoup d’eau ou avec peu d’eau, travaillé fortement ou peu travaillé, bien cuit ou peu cuit, et mille autres préparations. Les propriétés de chacune sont très grandes et très dissemblables. Celui qui n’observe pas ces différences ou qui, les observant, n’en saisit pas la valeur, comment pourrait-il connaître quelque chose aux maladies des hommes ?” Produits laitiers, farine complète ou non, gluten, pain au levain ou à la levure… Ne sont-ce pas là les thèmes qui agitent le monde de la nutrition, de nos jours ? Et enfin : “Tout ce qu’on mange de trop fort et que la nature ne peut surmonter cause des douleurs, des maladies, et la mort même ; tandis qu’au contraire, ce qu’elle peut surmonter constitue la bonne nourriture, procure l’accroissement de la santé”.

Une des questions que l’on peut légitimement se poser, à la lecture de ces lignes, est certainement la suivante : qu’est devenu cet enseignement ? Les médecins prêtent tous le serment d’Hippocrate, beaucoup l’honorent, mais qu’ont-ils fait de ces principes ?

Il appartiendra à chacun de les trouver valides, ou non. D’en chercher l’écho chez tel praticien, plutôt que tel autre, de les expérimenter, ou pas. Quant à nous, il nous a semblé utile de les rappeler.

Fin de la petite promenade… Les bourgeons ont-ils fleuri ?

JM