Avis aux jardiniers : ça va secouer sévère entre les blettes et les framboisiers, cette année. Roulement de tambour. Les éditions Terre vivante publient le premier livre en français sur l’agroforesterie syntropique en climat tempéré – rien que ça !
Vous n’avez rien compris ? Nous non plus. Nous sommes donc allés discuter avec son autrice, Anaëlle Théry. Cette ex-pépiniériste passionnée d’expérimentations au jardin et autrice de livres pour enfants s’est trouvée au bon endroit, au bon moment, et a surtout eu la bonne idée de s’intéresser de près à la syntropie. Elle définit cette méthode comme le fait de « comprendre les principes fondamentaux du vivant pour faire pousser une quantité de biomasse hallucinante que l’on va perturber pour que tout explose ». Un attentat au jardin ? Pas loin.
Le premier vulgarisateur de la syntropie se nomme Ernst Göstch. Spécialiste en sélection génétique dans les années 1970, ce Suisse questionne l’idée d’améliorer le milieu au lieu de forcer les plantes à s’y adapter. Il s’installe au Brésil, où il transforme des terres désertiques en véritable forêt primaire, la plus riche en biodiversité de tout le nord du pays.
Anaëlle Théry s’imprègne de ses méthodes pour les adapter à nos latitudes. Elle y réussit dans son jardin de 5 000 m² – qui comprend 25 espaces-tests – dont un potager de 100 m² qui lui permet d’être autonome en légumes en ne s’occupant du jardin que le dimanche… Elle monte une formation sur la syntropie qui affiche rapidement complet (1 200 personnes patientent actuellement sur sa liste – une version en ligne sera disponible fin 2024 !) et autoédite un livre qui se vend à 5 000 exemplaires – un véritable succès, dont s’empare l’éditeur Terre vivante.
Bon et alors, de quoi s’agit-il exactement ? Dans son livre, Anaëlle parle de tortues, de saut du chat et de carapace de verdure. Les images de ses expériences parlent d’elles-mêmes : rien n’est comme d’habitude (où diable sont nos lasagnes, nos buttes, notre paille ?), mais ça fonctionne plein pot.
Grosso modo, la méthode consiste à :
– Répartir les végétaux par strates ;
– Penser leur succession dans le temps ;
– Densifier plus que de raison ;
– Perturber pour accueillir l’abondance.
Accrochez-vous : on ne désherbe (presque) plus, on taille et on repose au sol. Les plantes spontanées sont nos alliées pour répondre aux besoins du sol. On crée rapidement une quantité suffisante de biomasse pour que la parcelle atteigne un microclimat dans lequel elle est résistante aux fortes chaleurs, autonome en biomasse et résiliente en eau. Cela prend des années ? Non, quatre mois. Grâce au saut du chat. On vous laisse le plaisir de découvrir ce dernier !
Ce que l’on a adoré retenir de ce livre :
– Ce n’est pas la taille* qui compte, mais bien la taille** ;
– Les perturbations rajeunissent et dynamisent ;
– Si tu as peur, plante deux fois plus !
* hauteur de la plante
** acte de couper la plante
Pour Anaëlle Théry, la méthode est jubilatoire : « laisser l’espace plus riche derrière soi qu’en arrivant, faire un pas dans le sens du vivant au lieu d’être sans arrêt contre lui, c’est très réjouissant. Les plantes, les animaux et les humains se sentent bien ».
Un jardin guérisseur.
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