Serviettes et culottes PLIM – Culottées, mais pas perchées !

C’est un raz de marée. Il y a une dizaine d’années, nous vous parlions timidement de la coupe menstruelle sans oser imaginer vous proposer une autre option du plus haut intérêt : les serviettes hygiéniques lavables. Aujourd’hui, ces dernières sont largement plébiscitées, notamment par les plus jeunes. Ni truc dégueu ni retour en arrière, elles offrent aux femmes une nouvelle liberté, celle de vivre leur cycle sans rien jeter… et presque sans y penser.

Entretien avec Capucine Mercier, fondatrice de Plim

Comment est-ce que tout a commencé ?

Au début des années 2000, je travaillais pour le développement des filières bio, entre autres l’export de vin. À l’occasion d’un salon, j’ai fait la connaissance d’une Amérindienne qui fabriquait des serviettes hygiéniques lavables. Dans sa culture, le sang menstruel est important : parce qu’il nourrit, on le recueille et on le rend à la terre ; en revanche on ne met pas de protection périodique à l’intérieur du corps. Cela m’a fait cogiter pendant pas moins de six années ! Autour de moi, on trouvait cela trop osé, voire dérangeant. Pourtant, dans mon esprit, il fallait absolument développer les serviettes lavables en France. J’y suis donc allée parce que personne n’y allait !

Vous êtes passée des liquides aux textiles !

En 2007, j’ai découvert une filière textile française qui n’en avait rien à faire du bio, mis à part pour les tissus destinés aux enfants. Il a fallu travailler avec tous ses acteurs (tisserands, imprimeurs, designers) pour mettre en place le tissage et l’impression de jolis imprimés en coton bio destinés à tous. Seule au début, j’ai embauché ma première salariée au bout de deux ans et aujourd’hui nous sommes une vingtaine. L’entreprise est localisée à Melle, dans la région Poitou-Charentes. Nous travaillons avec plusieurs ateliers de confection, chacun spécialisé sur un savoir-faire.

Quelle est donc la spécificité des serviettes Plim ?

Elles sont fabriquées en France avec un coton bio certifié GOTS, de jolis motifs et des boutons pressions sans nickel (auquel beaucoup de gens sont allergiques). Cousues sur l’envers puis retournées, elles ont une finition très durable qui demande deux fois plus de temps à la confection mais permet une durée de vie dix ans ! Enfin, elles sont particulièrement fines. N’importe quelle femme ayant testé des serviettes épaisses sait que cela décourage de continuer à en utiliser…

Pourquoi avoir choisi le coton ?

Au contact des muqueuses, il faut absolument une fibre 100 % naturelle (pas de viscose ni de polyester) afin d’éviter la migration de toxiques et les irritations. Le coton est en outre d’une grande finesse, critère primordial pour empêcher l’accumulation d’humidité, synonyme de mycoses et de mauvaises odeurs. D’autres textiles peuvent présenter la même finesse, mais ils sont beaucoup moins écologiques : il s’agit des viscoses de bambou et d’eucalyptus, obtenues par des procédés chimiques très polluants. Notre coton bio certifié GOTS vient d’aussi près que possible à l’heure actuelle… Donc ni d’Inde, ni de Chine. Nos provenances principales sont la Turquie et le Bénin, qui offrent une qualité et une traçabilité excellentes.

Vos serviettes ont une membrane en polyester à l’extérieur, côté culotte… N’était-il pas possible de faire autrement ?

Malheureusement non, pas pour l’instant, mais nous finançons un projet de recherche sur le sujet ! Nous avons recours à une couche de polyuréthane ultrafine, micro-perforée et respirante, qui empêche les gouttes de liquide de passer mais laisse la vapeur d’eau s’échapper. Sans elle, la serviette serait épaisse pour éviter les fuites, ce qui favoriserait la macération. Or cette couche doit être collée sur un support totalement lisse, ce que n’est pas le coton. Nous avons donc fait le choix d’un polyester qui dure longtemps, entre 5 et 10 ans selon l’usage qui en est fait. Il est certifié OEKOTEX standard 100, la plus haute certification écologique, utilisée en puériculture. Cette couche de polyester n’est jamais au contact des muqueuses, elle est cousue à l ’extérieur de la plim ou à l’intérieur du noyau à l’entrejambe de nos culottes menstruelles.

L’utilisation des serviettes lavables au quotidien n’est-elle pas un peu contraignante ?

Elle est particulièrement simple, au contraire ! On conseille de laver les serviettes Plim à la machine avec le reste du linge en programme habituel (40 °C) et de les laisser sécher naturellement. Mais si l’on en a besoin, on peut très bien les laver à la main et les faire sécher (pas trop près du radiateur)… On n’est vraiment pas là pour s’enquiquiner ! De préférence, on les fait tremper le plus tôt possible après usage. Ensuite, on les presse et on les pose par exemple sur le rebord du panier à linge jusqu’à la prochaine machine. Mais on peut très bien sauter cette étape et les mettre directement dans une machine qui va tourner : le sang des règles n’est pas sale, ses seules bactéries sont celles de la flore vaginale. En revanche, il est important de les laver à 40 °C, car l’eau froide ferme les fibres du tissu et empêche le sang de s’évacuer, tandis que l’eau trop chaude le cuit sur place…

Et en bureau ou en vadrouille, comment fait-on ?

Il suffit de replier la serviette sur elle-même (membrane imperméable à l’extérieur bien sûr) et de la mettre dans un sac ou une poche. Elle ne coulera pas et ne sentira rien. Mais pour celles qui préfèrent, il existe une pochette ad hoc !

Vu pour les serviettes. Vous proposez aussi des culottes… Pour qui, comment ?

Nous les proposons depuis 2014. L’objectif reste la simplicité, la culotte implique juste de bien connaître son cycle afin de choisir celle qui convient au flux pour tenir toute la journée. On commence petit à petit, un jour où l’on est à la maison par exemple. Si la culotte est bien choisie (taille, flux), elle peut durer toute la journée ou toute la nuit grâce à sa capacité d’absorption et à sa membrane respirante. Normalement, même avec un flux très abondant, il n’y a ni fuites ni mauvaises odeurs ! On est dans le confort avec des élastiques très légers qui ne marquent pas la peau et des formes intemporelles que l’on garde longtemps.

Vous ne seriez pas un peu culottée par hasard ?

Notre leitmotiv chez Plim, c’est le côté positif. À l’origine, nous sommes une poignée de barrées convaincues que les règles, ce n’est pas sale ! C’est le sens profond de l’expression « féminin sacré », un peu suremployée aujourd’hui, mais qui veut dire cela : le sang menstruel c’est normal et les règles ne doivent pas faire mal. Il n’est pas acceptable qu’à l’heure actuelle un gynécologue mette en moyenne six ans à diagnostiquer une endométriose. Lorsque l’on parle avec les femmes sur les salons, on se rend compte que certaines ne savent pas comment fonctionne leur vagin… Or il est important de connaître son corps et de le respecter en utilisant des produits sains pour l’intime et pour l’environnement. J’aimerais pouvoir brosser les inconscients collectifs et tout ce qu’ils trimballent comme clichés sur les règles qui font tourner la mayonnaise et attirent les requins… Dédramatisons et rendons aux règles leur place sociale et écologique !

CC