Ou « MN » pour les fanas de ce procédé de cuisson ancestral qui consiste à cuire moins longtemps ses aliments dans une cocotte et à la blottir ensuite dans un réceptacle isolant pour terminer la cuisson tout en douceur… et avec zéro énergie.
Donc ce n’est pas un contenant scandinave ?!
Pas vraiment ! C’est avant tout un nom générique pour qualifier une technique de cuisson qui se fait en deux temps (cuisson courte et repos dans un caisson isolant) et avec le matériel que l’on a sous la main. Selon Mireille Saimpaul, la grande spécialiste de la marmite norvégienne en France, son invention remonterait à l’Antiquité. En 1867, le brevet est déposé par un savant, inspiré par les fermières norvégiennes qui gardaient leurs marmites au chaud entourées de paille. Depuis, l’expression « marmite norvégienne » s’est banalisée, mais le procédé mondialisé.
À quoi ressemble-t-elle ?
Chaque marmite est unique en son genre car souvent confectionnée maison. Les plus pressés (ou moins bricoleurs !) enveloppent la cocotte dans une couverture puis la placent dans une caisse à linge ou une glacière de taille adaptée. D’autres utilisent une caisse en bois, tapissent l’intérieur d’isolants de récup’ (pelotes de laine, vieux pulls, chutes de plaque de chanvre ou de laine de bois, carton, papier journal…) et les cousent avec des tissus pour former une sorte de pouf de type Wonderbag. C’est une solution maison, économique, pratique et pleine de bon sens.
Comment fabriquer une marmite norvégienne ?
L’objectif étant de faire des économies d’énergie/d’argent/de temps, ne vous ruinez pas avec des matériaux isolants onéreux.
1. Le carton
Disposez un petit carton dans un carton plus grand et plus épais. Mettez entre les deux cartons des grosses boulettes bien serrées de prospectus et de papier journal (y compris en dessous). Fermez l’isolation sur le dessus avec des bandes de cartons et du ruban adhésif. Placez à l’intérieur une couverture en la faisant dépasser. Installez la cocotte bouillante dedans et recouvrez-la avec la couverture. Repositionnez le dessus du carton épais et maintenez-le fermé avec une plaque en bois ou autre support.
2. La caisse à vin
Tapissez l’intérieur d’une caisse à vin des chutes de laine de bois. Ajoutez 4 plaques de contreplaqué de taille adaptée afin de maintenir l’isolant. Placez au fond un dessous de plat en liège. Une fois la cocotte bouillante installée, couvez avec un coussin épais. Mettez au-dessus le couvercle en bois de la caisse à vin.
3. La panière à linge
Prenez une panière à linge ou un berceau en osier. Disposez dedans une couverture ou une couette repliée, en la faisant bien dépasser des bords. Placez au fond une triple épaisseur de carton. Quand votre plat a bien bouilli selon le temps indiqué dans la recette, mettez un couvercle, puis placez-le dans la panière. Disposez autour des vieux pulls pour combler le vide.Remettez la couette par-dessus.
4. La glacière
Récupérez une glacière assez haute et suffisamment large pour pouvoir y placer une cocotte. Disposez au fond des pelotes de laine. Posez ensuite une couche de carton épaisse de dimension adaptée. Installez la cocotte bouillante, recouvrez-la avec d’autres pelotes de laine et refermez avec le couvercle de la glacière.
Quels sont les temps de cuisson recommandés ?
Fruits frais – Faire bouillir en cocotte pendant 5 à 10 min – Conserver dans la MN pendant 1 à 2 h
Légumes verts – Faire bouillir en cocotte pendant 7 min – Conserver dans la MN pendant 1 h à 1 h 30
Pommes de terre, patates douces – Faire bouillir en cocotte pendant 10 min – Conserver dans la MN pendant 1 à 2 h
Lentilles vertes – Faire bouillir en cocotte pendant 7 min – Conserver dans la MN pendant 1 h à 1 h 30
Haricots blancs et pois chiches – Faire bouillir en cocotte pendant 30 min – Conserver dans la MN pendant 1 h 30 à 3 h
Pâtes et riz – Faire bouillir en cocotte pendant 5 min – Conserver dans la MN pendant 1h
Pour inventer vos propres recettes
• Temps de cuisson sur le feu : diviser le temps de cuisson de base par 3
• Temps à mijoter dans la MN : multiplier le temps de cuisson de base par 3
Pour cuire des légumes, des pâtes ou du riz, mettez moins d’eau. Ces aliments doivent recevoir moins de liquide que ceux préparés de manière classique car ils perdent moins d’eau. L’évaporation ne se produit pas de la même manière que lorsque la cuisson se fait sur le feu, aucune sauce ne peut réduire.
Quelques recettes
Riz à l’indienne : disposez dans la cocotte 150 g de riz basmati avec 300 g d’eau, 1 c. à café de curry en poudre, 1 petite carotte coupées en dés, 1 oignon haché finement, 1 gousse d’ail écrasée, 1 c. à café rase de sel, 2 c. à soupe d’huile et 1 feuille de laurier. Faites bouillir à gros bouillons et à couvert pendant 4 min. Ajoutez quelques feuilles d’épinard frais bien lavées. Recouvrez et laisser reposer en MN pendant 45 min à 1 h.
Lentilles aux légumes : pelez et émincez 2 oignons. Faites-les revenir dans une cocotte avec un trait d’huile jusqu’à ce qu’ils deviennent légèrement dorés. Ajoutez 250 g de lentilles vertes et 800 ml d’eau. Quand l’eau bout, comptez 5 min de cuisson à feu modéré et à couvert. Pendant ce temps, épluchez, lavez et coupez en rondelles 2 carottes, 4 pommes de terre, 1 patate douce et
1 betterave. Ajoutez un poireau fendu en 4 et quelques bouquets de chou
romanesco. Disposez-les sur les lentilles, poursuivez l’ébullition à feu vif et à couvert pendant 5 min. Salez, poivrez et mettez en MN pour 2 h.
Riz au lait : faites bouillir 1 litre de lait. Ajoutez 150 g de riz rond et 120 g de sucre. Poursuivez la cuisson à petits bouillons et à découvert pendant 10 min, puis laissez reposer en MN pendant 1h30 à 2h.
Compote de pommes amandée : disposez 1 kg de pommes coupées en dés dans la cocotte. Ajoutez un fond d’eau et laissez cuire à couvert à feu modéré pendant 10 min en mélangeant de temps en temps. Ajoutez 1 c. à soupe de purée d’amande. Recouvrez et laissez reposer en MN pendant 1h30.
Il existe des risques de développement de bactéries indésirables si les aliments (surtout les produits animaliers) restent dans la zone dangereuse de 10 à 63 °C pendant de trop nombreuses heures. Avec une caisse bien isolée, des aliments bien frais, consommés chauds (au-dessus de 70 °C) ou 1 à 2 heures après cuisson ou refroidis après la fin de cuisson, il n’y a pas de risques.
Des livres pour aller plus loin
– Cuisiner avec une marmite norvégienne, Mireille Saimpaul, Terre vivante
– Cuisiner sans gaz ni électricité, Linda Louis, La Plage