Champiloop | Champignonnière urbaine

Vous ne partageriez pour rien au monde votre coin à champis ? À Sato, on est fou : on vous révèle le nôtre ! Il est situé dans un parking désaffecté de la métropole grenobloise et porte le nom mignon de Champiloop. Une « loop », c’est une boucle, dans la langue de Shakespeare. Champiloop est une jeune champignonnière urbaine qui produit des pleurotes et des shiitakés en circuit court. Un coin à champis qui a tout pour ne pas rester confidentiel…

Des bâtiments en friche, des jeunes gens pleins de projets, une association promouvant la culture urbaine : tel est le substrat dans lequel a poussé Champiloop. Au départ, il y a Hamid Sailani, étudiant iranien et expert en culture de champignons. À Eybens, tout près de Grenoble, il participe avec le Groupement Eybinois pour la Restauration et la Multi-cultures (GERM) à l’installation d’une champignonnière dans un ancien bâtiment militaire. Quelques années plus tard, en 2020, il s’associe avec Maxime Boniface, fraîchement diplômé d’une école de commerce et passionné d’économie circulaire. En plus de la friche d’Eybens, Champiloop investit un ancien parking désaffecté réhabilité par la commune de Saint-Martin-d’Hères. C’est parti pour un projet qui roule !

Faire pousser des champignons dans un parking, vraiment ? Bien sûr que oui ! Le lieu est souterrain et les champis ont avant tout besoin d’un milieu humide et peu éclairé. Champiloop s’est équipée de machines performantes permettant la gestion de l’humidité ambiante, mais aussi la pasteurisation du substrat et la gestion de l’incubation du mycélium.

Trop de vocabulaire tout neuf pour vous ? Reprenons !

1) Le substrat, c’est la matière première nécessaire à la culture des champignons. Sa terre de culture, si vous préférez, qui ressemble à une botte bien compacte.
Champiloop s’est lancée dans l’ambitieux projet de fabriquer du substrat issu de déchets de production bios et locaux, ce afin de réduire son bilan carbone. L’entreprise collecte le nécessaire chez des producteurs partenaires : sciure de bois, paille, drêche de bière, tourteaux de noix… Une fois mélangé, le tout est pasteurisé afin de réduire à néant les micro-organismes pouvant entrer en compétition avec les précieux champignons.

2) Le mycélium, c’est la partie végétative qui donnera les champignons. Champiloop le fait venir d’un laboratoire belge. Le mycélium est inoculé dans le substrat. C’est l’étape la plus sensible !

3) Vient alors la phase d’incubation. Les substrats et leur mycélium sont mis en sacs et placés dans une pièce sombre et tempérée pendant deux à trois semaines. Le mélange devient blanc et duveteux : c’est le moment de le placer dans la salle de fructification. Pour la démarrer, il faut envoyer au mycélium un signal lui disant : « c’est bon mon gars, tu peux tout donner ! ». On le fait en simulant un changement de saison, comme chez Mère Nature. Une chute de température, une hausse de l’humidité, et c’est parti.

4) La récolte a lieu deux semaines plus tard. Les champignons sont placés en chambre froide avant d’être commercialisés frais ou séchés. Les magasins Satoriz de l’agglomération grenobloise vous proposent les Champiloop frais (veinards !), et tous les magasins leur version séchée. La déshydratation est réalisée sur place au moyen d’un frigo bricolé avec des ventilos… Le tout pour un séchage garanti à moins de 42 °C afin de préserver tous les bienfaits des champis.

5) Et puis, ce n’est pas fini. Les substrats et leur mycélium donneront une deuxième récolte, avant de s’épuiser. Qu’à cela ne tienne, ils seront offerts à des agriculteurs et des jardiniers locaux pour venir enrichir leur terre de culture. La boucle est bouclée !

Champiloop est une entreprise atypique qui conjugue économie circulaire, alimentation bio et locale et maîtrise des circuits courts de l’amont à l’aval. Elle revalorise des lieux désaffectés, recycle des déchets agricoles et organise des ateliers pour permettre à tout un chacun de repartir avec son kit de culture. Avec, à terme, l’objectif de mieux faire connaître l’univers formidable des champignons, qui non seulement nourrissent, mais peuvent aussi dépolluer les sols.

Pleurotes et shiitakés

Champiloop produit deux types de champignons :

– Les pleurotes, qui poussent en grappes et possèdent une chair tendre et savoureuse. Sèches, on les réhydrate 30 minutes à l’eau tiède avant de les cuisiner.
– Les shiitakés, qui poussent individuellement. D’origine japonaise, leur saveur rappelle celle du cèpe. S’ils sont séchés, on les réhydrate 45 minutes. On les consomme toujours cuits.

Tous deux sont délicieux une fois poêlés ou rôtis avec de l’huile d’olive et du sel. Les plus inventifs ajouteront de l’ail, des herbes aromatiques ou bien de la sauce soja et des graines de sésame. Pleurotes comme shiitakés gagnent à être panés, comme dans notre « pleurote katsu » !