Envie de changer le monde ? Commencez par votre papier toilette !

On y pense en dernier. Lorsque l’on « passe au bio », on commence par changer d’alimentation, puis parfois de produits d’hygiène et d’entretien. Mais combien parmi vous ont changé de PQ ? D’essuie-tout ? La crise du Covid et les phénomènes de stockage par crainte d’une pénurie ont rappelé l’importance de ces rouleaux dans nos vies. Autant donc choisir les bons ! En l’occurrence, ceux de Papeco. La démarche unique de ce fournisseur normand lui permet en effet de proposer les produits les plus écologiques et les moins chers du marché, tous réseaux confondus. Voici comment.

Qui est Papeco ?

L’histoire de Papeco mérite d’être racontée. Son site de production est créé en 1924. Il est tenu par une famille de boulangers parisiens qui souhaite fabriquer son propre papier d’emballage destiné à la viennoiserie. Quelques décennies plus tard, l’usine est rachetée par un grand groupe américain, lui-même rapidement absorbé par un autre grand groupe : Scot Paper, qui possède notamment la marque Trèfle. L’usine est alors dédiée à la production de papier toilette parfumé et plié, destiné à la grande distribution. Elle perd petit à petit de l’intérêt pour le groupe, qui cherche à s’en séparer dans les années 1990. Le propriétaire américain verse aux salariés licenciés leur prime de départ… que ceux-ci décident d’investir dans le rachat de leur usine. Ils en détiennent toujours le capital à l’heure actuelle. Afin d’empêcher la délocalisation et la reprise par des tiers, ils ont mis en place un pacte d’actionnaires interdisant de vendre des parts à l’extérieur. C’est la naissance de Papeco.
Papeco est aujourd’hui le seul fabricant français de papier d’essuyage recyclé (papier toilette et essuie-tout). Toutes les usines équivalentes appartiennent à des groupes étrangers, l’Italie étant le leader européen sur ce type de fabrication.

On le devine, Papeco n’est pas une entreprise comme les autres. La cinquantaine de collaborateurs a mis en place un management participatif : chacun se tient au courant des comptes de l’entreprise, car chacun en bénéficie via les dividendes, l’intéressement et la participation. Un comité de pilotage représentatif de chaque service se réunit chaque mois. L’absence de pression financière venant de l’extérieur crée une ambiance d’émulation très favorable.

Différente dans la forme, la démarche de Papeco l’est aussi sur le fond. Très engagé en matière d’écologie, le fabricant a d’abord réorienté son outil vers la production de papier d’essuyage recyclé destiné aux professionnels. Contacté par un réseau local de magasins bio, il découvre que les produits vendus en magasin bio sont chers… et peut-être pas si écolos qu’ils en ont l’air ! Papeco décide alors de proposer une gamme destinée aux clients des magasins bio.

 

Pourquoi ces rouleaux sont-ils différents ?

– Papeco est une PME. Sa petite taille lui permet de produire en utilisant uniquement une matière première à la disponibilité réduite : le papier imprimé en noir et blanc récupéré dans les corbeilles des bureaux. En matière de recyclage, ce papier est le plus rare et le plus haut de gamme car sa teneur en encre est très faible. Il équivaut presque à de la fibre vierge : contrairement aux journaux et magazines, il n’oblige pas à recourir à un désencrage, ni à un blanchiment chimique ou l’utilisation de colorants. Un lavage mécanique suffit. La couleur finale du papier obtenu est naturelle et ne dérange personne. Papeco a pour ainsi dire inventé ce papier « 100 % recyclé naturellement », qu’il est le seul à produire. Et pour cause : il n’y a pas assez de corbeilles de bureau pour les gros papetiers.

– Papeco fonctionne sur un modèle d’économie locale. Organisée en circuit court autour d’une collecte en Bretagne et Normandie, l’entreprise normande a plusieurs centaines de partenaires : entreprises et collectivités principalement. Le transport de sa matière première est très limité, avec peu d’intermédiaires.

– Le procédé de Papeco limite l’utilisation de chimie tout en réduisant le gaspillage au maximum. Ainsi, 1 tonne de papier collecté donne 900 kg de produit fini, contre 500 pour le papier issu de magazines et journaux. La matière sèche résiduelle (les 10 % restants) est compostée. L’usine de Papeco a obtenu un agrément pour mélanger sa matière sèche à des matières actives afin de fabriquer du compost. Elle a réhabilité l’eau de la rivière voisine, en installant un recyclage en interne de l’eau utilisée dans la fabrication du papier. Papeco est fière de faire partie d’une sélection très serrée de 25 entreprises françaises saluées pour leurs efforts en matière de décarbonisation.

 

Savez-vous pourquoi l’essuie-tout industriel est gaufré ?

Les industriels adorent nous vendre du vent, de l’air, de l’eau… Tout ce qui ne leur coûte rien mais leur permet de gonfler les prix. En grande surface, un rouleau d’essuie-tout contient 48 à 100 feuilles, gaufrées – c’est-à-dire gonflées d’air – pour donner une impression de volume. Chaque feuille d’essuie-tout est constituée de deux feuilles collées entre elles. On explique au consommateur que les alvéoles permettent une meilleure absorption, ce qui est faux, puisque ce sont des poches d’air. L’air n’a jamais absorbé l’eau. La cellulose du papier, si, en revanche !

Et chez Papeco ? Le gaufrage est léger et sans air ni colle entre les feuilles. Un seul rouleau d’essuie-tout contient 200 feuilles, pour un diamètre identique à ceux des grandes surfaces. Pour le papier toilette, c’est 400 feuilles par rouleau (600 pour le rouleau vendu en vrac !) – toujours sans gonflette – soit l’équivalent de 3 à 5 rouleaux lambda. Un gain de place considérable en termes de transport et de stockage. D’où l’intérêt de ne pas vendre de l’air…

– Les produits finis sont entièrement recyclables. Contrairement aux industriels du secteur, Papeco ne met pas de colle entre deux feuilles d’essuie-tout (lire encadré). Ses produits sont donc moins toxiques pour la santé comme pour l’environnement. Ils sont emballés dans un film en plastique recyclable et monocouche, sans encre, ultraléger. Mais ils sont également disponibles en vrac !

La démarche de Papeco lui permet ainsi de proposer les produits les plus écologiques et les moins chers du marché français : l’essuie-tout est par exemple 60 % moins cher que les produits équivalents, tous réseaux de distribution confondus.

Y a plus de papier ?!

La crise du Covid a entraîné une crise des matières premières et de l’ensemble des matériaux. Le papier ne fait pas exception. Télétravail aidant, les corbeilles de bureau destinées à Papeco ont quelque peu désempli. S’il ne manque pour l’instant pas de matière à transformer, le fabricant ressent une pression de plus en plus forte sur l’univers du recyclage. De nombreuses industries se détournent du plastique à la faveur du papier recyclé ou du carton. Mais les ressources disponibles pour ces matériaux se raréfiant, elles risquent de se rabattre sur la fibre vierge et l’abattage de forêts qui va avec. Papeco est donc en veille sur d’autres matières afin d’anticiper l’avenir et de conserver une démarche avant-gardiste autour de son leitmotiv : le mieux, c’est le moins !

CC