SAJ, acronyme de la Savonnerie du Jura et homonyme de « sage » : un fait exprès ? Oui, car c’est bien la sagesse qui constitue le carburant de Giuseppe, fondateur de cette pépite de l’artisanat jurassien.
Ex-prof de maths et cadre de l’Éducation Nationale, Giuseppe suit l’élan qui le pousse à se réaligner avec ses aspirations profondes, l’écologie et la réduction des déchets. Or pour démarrer dans le zéro déchet, rien de tel que le savon : tous les « nouveaux savonniers » que Sat’info a interviewés nous l’ont fort justement rappelé ! Pourquoi ? Parce que troquer son gel douche en bouteille plastique contre un simple savon, c’est un geste simplissime à l’impact fort. Plus simple que troquer son beefsteak contre un steak végétal, avoueront certains. On vous laisse juge !
Giuseppe pense ses fabrications sous un double prisme. L’angle du consommateur, qu’il souhaite aider à sortir du piège de la surconsommation et amener vers une prise de conscience initiatrice d’autres changements. L’angle de la production, également, avec l’objectif de fabriquer des savons sans aucun plastique.
Mission accomplie ?
Côté production, c’est oui : la SAJ ne génère pas de déchets plastiques. C’est moins simple qu’il n’y paraît ; Giuseppe a dû adapter ses approvisionnements tout comme la méthode de fabrication des savons.
L’ingrédient principal des savons saponifiés à froid est le temps, suivi de l’huile de tournesol. La SAJ travaille avec un agriculteur qui presse lui-même ses graines de tournesol bio à quelques kilomètres de la fabrique. Toutes les plantes utilisées sont françaises. Les savons sont ainsi origine France à 70 %, l’huile de tournesol étant complétée par du beurre de coco. Certains sont parfumés avec des huiles essentielles, mais jamais de fragrances industrielles.
Qu’est-ce que la saponification à froid (SAF) ?
Un procédé artisanal qui ne date pas d’hier… La saponification est une réaction chimique obtenue en chauffant une huile avec de la soude, ce qui permet, après refroidissement et séchage, d’obtenir du savon. En saponification traditionnelle (savon de Marseille, notamment), l’huile est très fortement chauffée. Comme elle est généralement de piètre qualité (grignon d’olive, palme), on ne perd pas grand-chose… Mais si l’on décide de saponifier à basse température, on peut opter pour des huiles végétales plus nobles et profiter ainsi de leurs vertus. Vertus pour notre peau, mais aussi pour l’environnement : les savons SAF sont 100 % biodégradables et nécessitent moins d’eau et d’énergie que ceux issus de la saponification classique. De bonnes nouvelles que nous sommes nombreux à avoir prises en considération, si l’on en juge par l’essor récent des savonneries utilisant ce procédé.
Et côté utilisateurs ?
Bonne nouvelle : les savons de la SAJ sont moins chers que la plupart des savons saponifiés à froid. La saponification à froid nécessite du temps, ce qui implique de produire de petites quantités, pour un prix final relativement élevé. Qu’à cela ne tienne, Giuseppe s’est penché des mois durant sur l’optimisant de son procédé et de ses formules. Mission accomplie, là encore : la SAJ produit plus de savon d’un coup, sans sacrifier l’ingrédient « temps ». Ses savons sont ainsi plus gros et moins chers au kilo que ceux de ses concurrents. Comme ce sont des produits artisanaux, il n’y en a pas deux identiques. Leur point commun : une douceur exceptionnelle ! Ils sont hydratants au point que l’usage d’un lait corporel devient souvent inutile.
Un petit Nouveau : le produit vaisselle solide
Ce savon est vendu avec ou sans l’éponge Loofah, constituée de filaments de courge déshydratée venue d’Espagne. Lavable en machine, elle a une durée de vie d’un an. On mouille cette éponge – ou une éponge végétale – avant de frotter le savon. Le produit est moussant et efficace. Il peut être utilisé pour la vaisselle comme pour le linge. Le tout nettoie efficacement et en douceur l’inox, les plats émaillés ou en terre, les assiettes, les couverts, les poêles antiadhésives… Ne pas utiliser ce savon vaisselle solide avec une éponge synthétique courante du commerce, qui se désagrégerait petit à petit.
CC