Telle la marmotte qui s’ébroue au sortir de son terrier d’hiver, votre chroniqueur du potager a ressenti en cette mi-mars printanière une irrépressible envie de verdure. Il s’en est ainsi allé, avec son teint d’endive, du côté de Chateaurenard prendre un bain de chlorophylle et chercher saveurs et senteurs dans les serres du Tilleul. C’est au cœur de la Provence, dans cette pépinière, que croît à son rythme la gamme de plants aromatiques présente sur nos bancs depuis quelques années déjà.
La Sarl du Tilleul est l’entreprise de la famille Mounier, où, du grand-père Laurent jusqu’aux petits-enfants, tout le monde œuvre dans le végétal. Du maraîchage à l’arboriculture pour aboutir aux plants maraîchers et aux plantes aromatiques, notre sujet du jour. C’est Jean-Michel qui, aidé de ses sœurs Patricia et Caroline, a diversifié l’activité de la pépinière vers la production de plantes en pots voilà une quinzaine d’années. Même si rien n’est jamais acquis dans le très exposé milieu agricole, on peut affirmer que le pari est devenu une réussite. Celle-ci tient pour beaucoup à la détermination, l’opiniâtreté et la passion de Jean-Michel, impressionnant par le professionnalisme de sa démarche. Rien ici n’est négligé, ni bâclé : des moyens humains et matériels mis en œuvre, en passant par la qualité des matières utilisées jusqu’à l’expertise agronomique. Toute cette démarche se mesure dans la qualité finale des pots que nous vous proposons. Voyons cela de plus près…
Le catalogue aromatique et médicinal contient plus de 250 espèces, certaines comme thym, sauge menthe et romarin déclinées jusqu’à 10 variétés différentes… Un amateur passionné ou tout simplement curieux n’aura pas trop de la journée pour parcourir les serres vitrées et répertorier les merveilles qui y poussent. Beaucoup de spécifiques évidemment pour les marchés professionnels de la gastronomie ou de l’herboristerie : la gamme sélectionnée pour vous est constituée d’une petite trentaine d’espèces qui couvre les utilisations alimentaires connues. Nous vous réservons cependant une surprise lorsque paraîtront ces lignes…
Deux grandes catégories se distinguent :
– Les herbacées dont les tiges ont la consistance tendre d’une herbe, sans fibres ligneuses. Elles forment le gros du contingent, avec la famille des basilics qui représente à elle seule la moitié des volumes vendus. Citons aussi la ciboulette, le persil et la coriandre. Ces espèces sont obtenues en six à huit semaines après semis manuels ou mécanisés.
– Les ligneuses, dont les tiges deviendront bois avec le temps, plutôt issues d’un bouturage. Celui est réalisé après un prélèvement méticuleux de jeunes pousses sur des plants « mères » sélectionnés. La bouture est repiquée dans un petit bouchon, pour un pouponnage de 3 à 6 mois. Le thym et le romarin font partie cette famille.
Une fois les plants démarrés, il faut les transférer dans leur support final pour qu’ils y prennent de l’ampleur, sous une surveillance agronomique constante. Dans ce domaine, Jean-Michel a fait des choix forts, cohérents avec sa démarche qualité :
– le pot est jusqu’à ce jour en matière PLA, un plastique d’origine végétale qui peut se dégrader et se composter à haute température. Le projet améliorant que vous découvrirez cette année met en avant des pots d’une matière compostable « au tas », faite d’une sorte de papier mâché rappelant les boîtes d’œuf. Jean-Michel a juste besoin de s’assurer de la rigidité suffisante du pot en condition humide.
– alors que le marché des plants propose le plus souvent des pots de diamètre 10 centimètres, ceux du Tilleul en font treize, ce qui leur permet d’accueillir par exemple, pour le basilic, trois poquets de 10 tiges. De la densité, pour obtenir et garder de beaux buissons gonflés.
– le substrat qui remplit les pots pour alimenter les plantes est fait de tourbe et de matières organiques sélectionnées. Pas d’hormones bien entendu, ni d’ autres boosters destinés à cacher la misère.
– enfin, le voile plastique qui entoure le bouquet et le protège est fait de matière recyclable. Bientôt, une moitié sera de papier et l’autre transparente…
Pour ce qui est du suivi agronomique, il ressemble à celui d’une culture maraîchère classique, avec peut-être une plus grande acuité pour contrer d’éventuels départs de maladies sur les plants naissants. Comme toujours en bio, la prévention prime par l’observation, sans oublier l’aide précieuse des insectes auxiliaires.
Il nous faut dire un mot sur le basilic, tant cette espèce a votre faveur. Grande feuille, petite feuille, rouge, ou parfumés (cannelle, citron, anis, thaï) : impossible d’accorder les avis, même chez le pépiniériste, sur celui qui représenterait la quintessence de l’ocimum basilicum. Un point sur lequel tout le monde est d’accord cependant, à prendre très au sérieux : le basilic a horreur non seulement du froid mais aussi de la fraîcheur, et du vent. Il doit subir, du fait des contraintes logistiques qui sont les nôtres, un court passage au frais mais chez vous, pas question. Il faut qu’il reste à l’intérieur, près d’une fenêtre, tant que les températures diurnes ne sont pas stabilisées autour des 20 degrés. Dès ce niveau minimal atteint, direction une exposition en plein cagnard, avec une humidité maintenue. Il n’est pas indispensable, à moins d’habiter la Provence, de repiquer au jardin. Le pot vous permettra au contraire de le placer au meilleur endroit possible. Avec ces quelques précautions, vous pourrez aromatiser vos salades tout l’été sans risques et confectionner d’excellents pestos maison. Il peut arriver que votre basilic à peine déballé, se mette à dépérir: rassurez-vous, vous avez toujours la main verte, vous n’y êtes pour rien (à moins de l’avoir stocké à la cave) ! Faites-nous signe et nous remplacerons…
Comme annoncé, nous aimerions cette année marquer le coup en vous proposant sur une quinzaine de jours des espèces rarement diffusées dans le commerce. Au hasard et en vrac : de l’arnica des montagnes, du calendula officinal, de l’échinacéa, pourquoi pas de l’achillée millefeuille… A découvrir donc dès le mois de mai, près de votre rayon fruits et légumes !
Alain Poulet