Se débarrasser de la candidose | Entretien : Alice Greetham

Alice Greetham est autrice et coach bien-être. Depuis 2012, elle partage ses recettes de cuisine sur son site auvertaveclili.fr. Longtemps spécialisée dans l’alimentation végétale et sans gluten, elle propose aujourd’hui une approche centrée sur un mieux-être global. Aux prises avec une candidose chronique pendant plusieurs années, elle est l’autrice d’Anti-candida aux éditions Jouvence. Nous la questionnons sur cette pathologie qui toucherait, selon des estimations, un tiers de la population française – en particulier féminine.

Bonjour Alice ! Pourquoi avez-vous choisi d’écrire sur la candidose ? J’ai eu un parcours compliqué avec la nourriture, de nombreux problèmes digestifs et des troubles du comportement alimentaire. J’ai essayé toutes sortes de thérapies pour trouver des solutions. On m’a finalement diagnostiqué un syndrome de l’intestin irritable et une candidose chronique. En m’intéressant à ces pathologies dans leur globalité, j’ai compris l’importance du rapport émotionnel à l’alimentation. Alors autrice culinaire, je me suis formée au coaching. Depuis, je suis débarrassée de ma candidose et j’accompagne des personnes rencontrant des problèmes digestifs ou ayant une relation compliquée à la nourriture.

Pourquoi l’aspect émotionnel est-il aussi important dans le cas de la candidose ? On dit souvent que la candidose se nourrit de sucre. C’est vrai. Mais son véritable terrain de jeu, c’est le stress. Quand on est mal dans notre tête, notre microbiote est directement impacté. Ce lien entre le cerveau et le microbiote a été mis en évidence dans de nombreuses recherches, notamment celles du Professeur Emeran Mayer. Celles-ci démontrent que l’alimentation n’est pas le principal vecteur d’influence sur le microbiote : la sphère émotionnelle a un impact encore plus important. La candidose est un symptôme, un appel à l’équilibre peut-être alimentaire, mais généralement beaucoup plus vaste.

De quel mal la candidose est-elle un symptôme ? Principalement d’une relation problématique à l’alimentation. Les personnes atteintes de candidose ne savent bien souvent plus quoi manger, car elles sont coupées de leurs besoins naturels. Elles n’ont pas ou plus confiance en leur intuition pour se nourrir. Il est courant que des personnes récemment diagnostiquées se lancent dans un régime alimentaire restrictif contre la candidose*. Or ce régime est si drastique qu’elles sont complètement perdues. Cela entretient le problème au lieu de le régler. *Ce régime supprime notamment tous les sucres, les céréales riches en gluten, le lait de vache, les produits contenant de la levure ou des ferments.

Vous ne conseillez donc pas de se lancer dans un régime d’éviction ? Je suis contre le régime anti-candida car il est trop restrictif. Ce changement radical affole une partie du cerveau et crée du stress, nourriture favorite du candida albicans. Sur le long terme, cela peut entraîner ou aggraver des troubles du comportement alimentaire en coupant totalement les personnes de leurs besoins et de l’écoute de leur corps. Or il est possible de guérir d’une candidose sans adopter ce régime. De même, les traitements antifongiques traitent temporairement le symptôme, mais pas sa cause. Ils doivent s’intégrer dans une prise en charge plus large.

Les aliments fermentés sont dits bons pour la santé. Même en cas de candidose ? Lorsque l’on veut cultiver des carottes dans un potager, il faut d’abord travailler la terre. Si une candidose bat son plein, ajouter des bactéries – comme celles contenues dans les aliments fermentés – peut être néfaste, car elles vont créer une compétition dans un microbiote déjà mis à mal. Pour cette raison, mieux vaut, au début, également éviter les aliments crus et notamment ceux qui ont des fibres dures. On va naturellement privilégier les aliments les plus digestes possible, car on sent qu’ils nous font du bien.

Y a-t-il tout de même des choses à mettre en place sur le plan alimentaire ? Si l’on consomme beaucoup de sucres et de produits transformés, revenir à des choses plus saines va aider. Mais il convient surtout de se questionner : comment en est-on arrivé à se nourrir comme cela ? Si on s’écoute vraiment, que ressent-on ? Dans l’absolu, si l’on mange déjà sainement, je ne conseille pas de se priver de certains aliments, mais plutôt d’en ajouter ! Certains sont réputés pour leur action anti-candida, comme le kale ou l’ail. Mais il s’agit surtout de s’écouter : on aimerait une solution simple qui s’applique à tous, mais chacun est différent. Des personnes se tournent vers l’alimentation vivante/crue, désastreuse pour beaucoup. D’autres noient leurs assiettes sous le cumin et l’origan alors qu’elles n’aiment pas cela. Certaines consomment beaucoup trop de fruits et légumes. Non ! L’idée est d’ajouter des aliments en conscience, parce qu’on ressent leur effet positif dans notre corps.

Que peut-on faire pour traiter la cause émotionnelle ? Je conseille de trouver un personnel de confiance – coach ou psy – qui met en œuvre une approche holistique. Pour retrouver un rapport fonctionnel à l’alimentation, on va chercher à faire baisser le stress et à travailler sur les pensées qui génèrent un rapport biaisé à l’alimentation. On se penche sur l’aspect intuitif des choses. L’alimentation n’est qu’un outil parmi d’autres.


Peut-on se débarrasser d’une candidose ? Oui. Cela prend six mois à deux ans. Le tout est de ne pas l’affronter comme un ennemi en voulant à tout prix tenir un régime drastique. On peut être bien ici et maintenant même avec une candidose, en apprenant à gérer la douleur et l’inconfort. La candidose n’est pas forcément une mauvaise nouvelle : c’est un appel à prendre soin de soi. En questionnant les causes émotionnelles, on se pose des questions sur nos choix, notre façon de vivre les événements. Aller mieux nécessite de changer des choses dans notre vie.

Si l’on va bien, comment mettre toutes les chances de notre côté pour éviter de développer une candidose ? L’idéal est d’éviter le stress autant que possible, le sucre raffiné en excès, ainsi que les produits ultratransformés et riches en pesticides chimiques. Mais surtout d’être en adéquation avec ce que l’on fait de sa vie et ses envies profondes. Se questionner, là encore : notre alimentation est-elle celle de la personne que l’on a envie d’être ? Et notre travail ? Faire un check-up émotionnel régulier permet d’opérer des réajustements lorsque quelque chose ne va pas.

 

CC